mardi 21 octobre 2014

" 7 femmes " de Lydie Salvayre

aux Editions Perrin


Cet essai , Lydie Salvayre aurait pu l'intituler "Sept femmes puissantes". 
Il s'agit d'un exercice d'admiration -j'aime bien ça-  pour sept auteurs femmes que Lydie Salvayre porte au pinacle.

Je relus, il y a un an, tous leurs livres.
Je traversais une période sombre. Le goût d'écrire m'avait quitté. Mais je gardais celui de lire . 
Il me fallait de l'air, du vif. Ces lectures me l'apportèrent.
Je vécus avec elles, m'endormis avec elles. Je les rêvais.
Certain jour, un seul vers de Plath suffisait à m'occuper l'esprit.La perfection est atroce, elle ne peut pas avoir d'enfant. Le lendemain , j'avalais d'un trait les trois cent dix sept pages du roman de Woolf, Orlando, dans un bonheur presque parfait (p.9)

Sept portraits littéraires d'une trentaine de pages, sur la femme et l'oeuvre, la femme dans l'oeuvre, l'oeuvre dans la femme, tant il est clair que créer au féminin a toujours été d'une complexité et d'une difficulté rare. Incipit :

Sept folles.
Pour qui vivre ne suffit pas. Manger, dormir et coudre des boutons, serait-ce là toute la vie ? se demandent-elles.
Qui suivent aveuglément un appel. Mais de qui, mais de quoi ? s'interroge Woolf.
Sept allumées pour qui écrire est toute la vie.

( "Tout, l'écriture exceptée, n'est rien", déclare Tsvetaeva, la plus extrême de toutes.)
Si bien que leur existence perd toute assise lorsque, pour des motifs divers, elles ne peuvent s'y vouer. (...)
Sept imprudentes pour qui écrire ne consiste pas à faire une petite promenade touristique du côté de la littérature et puis , hop, retour à la vraie vie, comme on l'appelle.
Pour qui l'oeuvre est l'existence. Ni plus ni moins . Et qui se jettent dans leur passion sans attendre que le contexte dans lequel elles vivent leur soit un peu moins adverse.
Sept folles , je vous dis.

C'est très bien écrit , très vivant aussi , on retrouve avec plaisir celles que l'on connait déjà bien (Colette, Woolf) on en découvre d'autres (Ingeborg Bachmann, Marina Tsvetaeva) on se promet de lire "La cloche de détresse" de Plath ou "Le bois de la nuit" de Djuna Barnes que l'on a vu si souvent cités. Le portrait d'Emily Brontë, qui ouvre le volume (pas forcément dans mon panthéon personnel) est particulièrement saisissant et donne envie de la relire.

Un très bel essai , vraiment. Un peu écrit de combat, juste ce qu'il faut.
Je vois qu'il est également disponible au format poche. 
A mettre sur votre étagère pour un jour sans.
Quand le fade et le trop facile vous tombent des mains.


A écouter : Lydie Salvayre à la radio, dans l'émission
 L'humeur vagabonde de Kathleen Evin

 
MIOR 

20 commentaires:

  1. ça fait quelques semaines que je veux lire Pas pleurer de Lydie Salvayre, mais finalement je me demande si je ne vais pas commencer par 7 femmes ! Pour ma part, c'est plutôt Marina Tsvetaeva que j'inclue dans mon panthéon personnel et qui me donne envie d'ouvrir ce livre ;)

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    1. pour moi les plus connues et aimées sont Colette et Woolf
      J'ai dévoré ce bouquin que j'ai trouvé à la fois aisé de lecture et raffiné

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  2. Marjorie avait publié la semaine dernière un billet qui m'avait déjà donné envie de lire ce livre, ton article enthousiaste ne peut que me pousser à lire ce livre encore plus vite! (je n'ai jamais rien lu de Lydie Salvayre, il est temps que je m'y mette)

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    1. je cours lire Marjorie !
      Je crois que tu peux y aller en confiance donc ;-)

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  3. En poche :ok !
    j'adore la phrase :"la perfection est atroce, elle ne peut pas avoir d'enfant"...

    attila

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    1. Merci de ton passage , Attila !
      Il y a de belles citations dans cet ouvrage ...et les portraits sont extrêmement vivants

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  4. Il était dans ma sélection Elle (contre le doc sorti vainqueur). Je l'avais aimé aussi.

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    1. Les docs de Elle...il y aurait beaucoup à dire ,lol

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  5. Moi aussi j'ai beaucoup aimé, même sans connaitre toutes les oeuvres dont il était question. C'est un très bel hommage à ces 7 femmes :)

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    1. ...qui sont des incandescentes , des pas-raisonnables, des rebelles aux destins ( souvent) marqués par le tragique

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  6. C'est fou, vous vous êtes données le mot ou quoi? Il est sur plein de blogs le Salvayre en ce moment, bref, c'est très bien car je me souviens que les jurées de septembre l'avaient aimé.
    Il est chouette ton billet (un peu militant, un peu féministe), je le note, je le lirai en poche (même si je ne connais pas toutes les femmes dont il est question)

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    1. Oui Galéa je reste ( un peu) féministe et même ( un peu ) militante , ce genre de bouquin remue le sang et te garde d'une certaine molassonnerie actuelle ;-)

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  7. J'aime bien cet auteur, exigeante et originale ! tu me donnes envie, là.

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    1. mais...j'espère bien ! C'est un très agréable moment de lecture et de découverte, et un rappel de ce que la condition féminine a longtemps impacté négativement la trajectoire de celles qui voulaient s'affirmer artistiquement...

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  8. Noté déjà en grand format et j'attendais (sans grand espoir vu que c'est un essai) sa sortie poche... Inutile de dire que je vais me jeter dessus ;0)

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    1. Je suis contente de voir l'intérêt porté par beaucoup d'entre vous (nous) à cette auteure et ce bouquin
      Merci de ton passage ici ;-)

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  9. Je suis de plus en plus impatiente de le lire..Ton article donne très envie. En plus il est en poche : parfait ! et au passage oui : tu devrais lire la cloche de détresse. C'est un roman qu m'a beaucoup marqué quand ma sœur me l'a offert !

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  10. D'après toi, il peut se lire sans connaître les auteures dont il est question alors ? Le qualifierais-tu de bonne introduction ou plutôt de complément ? J'avais été très tentée de le lire à sa parution et profiterai sans doute du format poche, les femmes littéraires ou dans la littérature m'intéressent toujours énormément.

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  11. Tu vas peut-être trouver que c'est une réponse de normand, mais je pense qu'il peut être intéressant dans les deux cas . Et puis connaître TB les 7 , ce serait fort ! C'est une bonne nouvelle qu'il soit passé au format de poche ;-)

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Mior