mardi 18 février 2014

"Petites scènes capitales" de Sylvie Germain

Voici un livre d’une grande tristesse mais aussi d’une infinie douceur...
Sylvie Germain, dans une langue magnifique , riche et fleurie sans jamais devenir pédante, nous narre l’itinéraire de vie d’une de ses contemporaines.

 Née dans l’immédiate après-guerre, mystérieusement abandonnée par sa mère à l’âge de onze mois, élevée par son père et sa belle-mère au sein d’une famille extrêmement recomposée pour l’époque, Lili n’en finit pas de questionner ses origines et les visages de l’amour. 
Se sentant facilement surnuméraire, Lili la discrète cherche sa place, au sein de sa famille, au sein de la société, et cherche sa vérité sans relâche , avec une belle honnêteté. 
Quand le récit s’arrête, elle atteint la soixantaine et peut finalement s’enorgueillir d’une trajectoire, qui , pour n’être pas socialement remarquable , n’en est pas moins respectable. 
Lili « sonne vrai » , elle aura su tracer sa route en dépit de lourds drames familiaux et au prix de changements d'orientation assez courageux. 
Voilà bien ce dont elle peut être fière.

Il faut tout de suite dire que le roman est assez riche en rebondissements, coups de théatre et secrets de familles assez  terribles ... 
Lili et les siens connaîtront en vérité bien des drames.
On suit peu ou prou tous les membres de cette famille sur une cinquantaine d’années, même si  Sylvie Germain privilégie Lili comme personnage pivot . 
La mort est fréquemment présente, comme une ombre dangereuse qui se penche sur notre épaule et oblitère bien des parcours.
 Et l’amour, tantôt glorieux mais souvent tellement maladroit, peine à transcender les épreuves,  quoiqu’en en dise …

D’une lecture très fluide, le récit de se compose d’une cinquantaine de saynètes de quelques pages seulement, ces fameuses « petites scènes capitales » du titre. 
Comme en un croquis saisi sur le vif , l’auteur sait y mêler les destinées racontées à grands traits et les notations intimes les plus précises. 
Sylvie Germain joue bien « sa » petite musique. 
En résulte un ton bien particulier, qui peut agacer car éminemment romanesque, ou séduire car très subtil. 
Pour ma part, j’ai eu plaisir à être transportée dans une période à la fois « datable » (la guerre d'Algérie, Mai 68...) mais comme en filigrane seulement, et s’attachant plutôt à l’intime voire l’indicible de toute destinée humaine. 
Un beau récit , grave et profond.

MIOR



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Mior